LA GAZETTE DE NIAFLES

    Le Parisien
    17 juin 2007


    Leparisien.com

    Religion
    La bataille pour la messe en latin relancée
    Niafles (Mayenne) DE NOTRE ENVOYE SPECIAL

    «EGLISE OCCUPEE », peut-on lire sur le calicot accroché au clocher de l'église Saint-Martin de Niafles (Mayenne), village de 300 âmes situé à une quarantaine de kilomètres de Laval. Querelle de clocher ? Toujours est-il que depuis trois semaines, l'église est fermée à clé : une quinzaine de catholiques traditionalistes occupent la sacristie, où ils se relayent chaque nuit pour dormir sur deux lits de camp. Les paroissiens exigent le maintien de la messe en latin. Une quarantaine d'entre eux ont même constitué l'Association Saint-Martin de Niafles pour le maintien de la messe traditionnelle, celle que leur a dite pendant quarante ans l'abbé Maurice Chéhère, « mort à son autel pour ainsi dire », selon la formule d'Odile, 63 ans, professeur à la retraite. Décédé à l'âge de 94 ans le 6 mars dernier, l'abbé Chéhère « n'avait pas bien accepté les évolutions de Vatican II, explique Mgr Armand Maillard, évêque de Laval. Et il continuait à célébrer la messe en latin avec ses propres aménagements ».
    Très local, ce conflit autour de la liturgie en latin n'en est pas moins révélateur des secousses qui continuent à agiter l'Eglise, quarante ans après le concile Vatican II et près de vingt ans après le schisme de Mgr Lefebvre. Si les paroissiens de Niafles ont gardé espoir que l'abbé Chéhère aurait un successeur de la même mouvance, c'est peut-être parce qu'« en mars, l'évêque a autorisé l'abbé Guillaume Loddé, de la Fraternité Saint-Pierre*, à célébrer la messe en latin jusqu'à l'été, en nous assurant qu'une concertation serait ouverte », raconte Katell Mautin, 26 ans, enceinte de son troisième enfant.

    Célébration en plein air

    Soucieux de ne pas rejeter ces traditionalistes, l'évêque leur propose d'assister à la messe en latin chaque dimanche à 10 h 30, à l'église des Cordeliers à Laval. « C'est trop loin ! » s'exclame Carole, mère de sept enfants âgés de 1 à 12 ans, qui porte la médaille miraculeuse de la Vierge autour du cou. « Nous n'allons pas faire une heure de route pour aller à la messe », s'indigne Matthieu, qui crie à la « délocalisation » ! Inacceptable pour les traditionalistes qui, pour la troisième semaine consécutive, assisteront ce dimanche à une messe en latin en plein air sur le parvis de l'église, célébrée par l'abbé Oscar Neri, venu de Paris. « Je ne vois pas pourquoi l'évêque a décidé de fermer une église qui réunissait trois cents personnes tous les dimanches », s'indigne Odile, cheveux grisonnants.
    A Laval, Mgr Armand Maillard dénonce de son côté « une infraction, non seulement aux lois de l'Eglise, puisque les fidèles doivent obéir à leur évêque, mais aussi à celles de la République qui prévoient que les églises sont affectées au culte en accord avec l'évêque du lieu ». Pour l'heure, l'évêché n'envisage toutefois l'expulsion par les forces de l'ordre que comme « l'ultime recours ».
    Sur la porte en bois de l'église Saint-Martin, l'une des petites affiches frappée des slogans « Une église, sinon rien ! », « Une église, un prêtre, 200 familles. Résistance », a été recouverte d'un tract écrit en rouge, signé de la Section anarchiste anticathos : « L'évêque a raison. Les cathos sont des c... » !

    * Regroupe les traditionalistes restés fidèles au pape lors du schisme intégriste de Mgr Lefebvre en 1988.

    Philippe Baverel
    Le Parisien , dimanche 17 juin 2007

    NIAFLES (MAYENNE) , MARDI. Des catholiques traditionalistes occupent l'église depuis trois semaines.   (LP/PHILIPPE LAVIEILLE.)
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